mardi 15 mars 2016

En marge de l'assemblée plénière des évêques de France - quelques réflexions d'un ignare








L'Eglise de France ne devrait-elle pas prendre conscience, au moins, de trois choses :

1) Elle est persécutée. Ne nous voilons pas la face : tous ceux qui ont connu ailleurs des persécutions contre l'Eglise, reconnaissent les mêmes méthodes employées. Dont le novlangue. Dont la suppression de la confidentialité. Dont le sapage de la confiance. Dont l'obligation de faire le contraire de sa vocation : un père dénonce-t-il son enfant ? Un soignant donne-t-il la mort ?
Par conséquent :
a) savoir qu'on cherche à la faire taire et à la faire mourir d'inanition. Quand une simple dénonciation (appelé "témoignage d'une victime") contre un prêtre suffira pour que l'évêque intimidé le prive de tout ministère, ou qu'une accusation contre un évêque suffira pour le faire démissionner, il n'y aura plus d'annonce de l'Evangile. Par obéissance aux pasteurs ! Et cela, c'est grave.  Car cela va contre l'ordre de Jésus. "Allez et annoncez"...
b) savoir que ce qui arrive au Card Barbarin est un test. C'est ce qui va arriver à tous par la suite, si lui est démissionné.  Ou tué. Car la mise en péril de la vie d'autrui, c'est ici et maintenant, sous nos yeux, par le harcèlement contre sa personne. Aujourd'hui, la victime, c'est lui.

2) Nous sommes après Vatican II. Et c'est l'une des bonnes réponses que l'Eglise a à donner aux pouvoirs publics. Car l'autorité ne s'exerce plus de manière anté-conciliaire, ou imaginée telle par les pouvoirs publics. Ceux-ci à la fois crient au sectarisme quand l'autorité est ferme et crient au laxisme quand l'autorité fait confiance. Mais cette manière évangélique ressort de la réponse du cardinal Decourtray à la famille de l'une des victimes d'un prêtre alors pédophile : « Il y a du ”diabolique” dans cette affaire et le “coupable” n’est qu’une victime que je vais tenter de libérer. » 
Il résulte de tout cela que les pouvoirs publics n'ont pas à demander des comptes aux évêques de la façon dont se conduisent leurs prêtres. Ces prêtres sont majeurs. Ils ont, chacun, à répondre de leur conduite.
Sans quoi, les meilleurs prêtres seront gommés, et les meilleurs évêques aussi. Les uns et les autres ne pourront plus vaquer à leur vocation de gouvernement, d'enseignement, de sanctification mais devront passer leur temps à faire le gendarme et à surveiller, dénoncer, ou trembler s'ils ne le font pas.

3) L'Eglise doit être ferme. Sa base, c'est le Christ. Ses fidèles doivent se référer au Christ. Les pasteurs ne doivent pas avoir à répondre des actes d'autrui. Chacun répond pour soi-même.
Puis, aussi, il faut être juste. L'Eglise n'a, en matière de justice, à faire ni plus ni moins que ce que la justice de notre pays demande.
Sans être versé en la matière, je trouve inadmissible qu'une simple dénonciation à l'évêque soit réputée suffisante pour priver de ministère un prêtre.

La présomption d'innocence doit exister aussi dans l'Eglise.  Autrement, nous la priverions des services des meilleures personnes consacrées, accusées à tort.
Il y en a qui ont passé leur vie au tombeau à cause des fausses accusations qui ont détruit leur réputation. Martyre pour elles. Mais quelle privation pour le peuple de Dieu, pour l'Eglise toute entière, de ce que ces personnes auraient pu apporter.

La prescription aussi doit exister dans l'Eglise. Autant qu'en justice. Autrement, nous ne permettons plus jamais au prêtre de se relever... nous privons l'Eglise de prêtres convertis de leur péché.
Mais... est-ce cela que Jésus nous a appris ?
Quel contre-témoignage, en cette année de la miséricorde !
La prescription pour le reniement de Pierre ? Elle était de trois jours !

Mais il y a une chose qui ne doit pas exister dans l'Eglise... une chose qui, si elle prenait racine, si elle était autorisée, légalisée, encouragée, pousserait les fidèles à devenir infidèles, hypocrites, grimaçants, amères, intrigants, malveillants, rusés...
Cette chose, c'est la délation !... le moyen inique pour faire taire les figures charismatiques et les messagers de l'Evangile. Quelle ruse diabolique pour faire s'auto-censurer l'Eglise, la mettre à genoux et l'enfermer dans le service minimum. De peur de déplaire. Aux pouvoirs en place... au monde.

Paix ? Oui, nous la voulons et la recherchons. Mais pas à n'importe quel prix. Pas au prix de la liberté et de l'indépendance de l'Eglise. Encore moins au prix du salut des âmes. Ou même d'une seule âme !
D'ailleurs : "Je suis venu apporter non la paix mais la division".
Nous assumons la persécution, vénérons nos martyrs - sanglants ou sociaux.
Mais nous n'acceptons pas de livrer, nous-mêmes, les membres du Corps du Christ.

Gaston Toucan

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